À l’occasion de la sortie de son dernier album, Salt, le projet russe Splendorius a annoncé qu’il s’agissait là de son ultime méfait. Un chant du cygne sur fond d’une situation personnelle visiblement complexe pour l’artiste Timofey Prokhorov, alias Ghorgul, unique tête pensante du projet. Sur sa page BandCamp et par mail à l’attention de ses suiveurs, il souligne que la guerre opposant son pays à l’Ukraine ainsi que des difficultés personnelles sont à l’origine de cette rupture marquée avec le dungeon synth. Il précise également avoir perdu tout intérêt pour la musique, peu importe sa forme, et déplore que la situation géopolitique de son pays ne lui permette plus de jouir de la moindre rétribution issue de son travail.
Nous garderons un souvenir très marquant de sa contribution au dungeon synth au sens large. Splendorius fut l’un des mastodontes de la scène russe pendant dix ans, terroir de grande qualité au milieu des années 2010, notamment sous l’impulsion de la sacro-sainte Dungeon Lore Foundation. Malgré quelques sorties de dimension plus confidentielle, le projet et son géniteur resteront pour beaucoup les artisans d’albums élevés au rang de chef d’œuvre. Il serait criminel de ne pas considérer l’immense Norfaragell-Thul comme l’un des dix albums les plus importants de l’histoire du dungeon synth. Dans un style différent, Moernvar avait lui aussi montré que Ghorgul était un mélodiste hors pair. Avec la mise en sommeil forcée de Splendorius, madeleine de Proust pour toute une partie de la communauté, on ne compte pas les souvenirs d’éveil qui ont désormais un goût amer…