- Throne Fest
- Kubox, Kuurne, Belgique
- 4 juin 2017
Après une nuit sans doute bien courte pour une bonne partie des festivaliers, surtout dans la mesure où nombreux sont ceux l’ayant passée sur le parking du Kubox, le Throne Fest 2017 reprend de plus belle en ce dimanche pour ce deuxième et dernier jour de joyeusetés noires et morbides. Au programme aujourd’hui, un joli paquet de groupes de qualité et très attendus, tels que The Committee, Misþyrming, Cult of Fire, Gaahls Wyrd, ou encore, évidemment, Dark Funeral. Un groupe de moins que la veille, mais une ambiance qui promet d’être au moins toute aussi prenante. Throne Fest 2017, acte deux, c’est maintenant.
Sans vouloir faire injure à Ars Veneficium, qui a donné un spectacle foudroyant la veille pour ouvrir les hostilités, The Committee, c’est un autre niveau. Il est d’ailleurs un peu surprenant de voir la formation internationale jouer si tôt dans la journée. Et la tendance se confirme à l’approche du début de sa prestation, beaucoup de spectateurs entreprennent en effet de se rapprocher de la scène suffisamment tôt, histoire de prétendre à une place convenable d’entrée de jeu. The Committee ne fait peut-être pas partie des têtes d’affiche du week-end, toujours est-il que le groupe est attendu avec beaucoup d’excitation. Et son show ne va pas donner tort au public.
Débarquant sur la scène coiffés, comme à leur habitude, d’une cagoule intégrale et portant des tenues militaires, les membres de The Committee attirent les regards et captivent dès le début une audience qui leur est dévouée. Les musiciens commencent leur set tambours battants, soutenus par un son parfait et un jeu de scène très prenant. Le comportement du public face à une telle débauche d’énergie nous apporte la confirmation selon laquelle The Committee aurait largement eu sa place un peu plus haut sur l’affiche de l’événement. Les musiciens matraquent le public à coup de titres longs et parfaitement exécutés, un ou deux de plus n’auraient d’ailleurs pas été de refus, tant la prestation a semblé courte. The Committee a fait bien plus que se montrer fidèle à sa réputation.
Compte tenu de l’annulation de Darkened Nocturn Slaughtercult, qui avait d’ailleurs beaucoup déçu une bonne partie du public, les organisateurs avaient dû mettre les bouchées doubles pour trouver un groupe en très peu de temps. Le running order du dimanche est donc bousculé, et ce sont les belges d’Alkerdeel qui prennent le relais juste après la prestation de The Committee. Le quatuor arrive sur scène avec l’envie de remuer son monde, et son black metal aux touches sludge l’aide grandement dans la réalisation de cette tâche. La musique des belges rend formidablement bien en live, il est impossible de rester impassible au son lourd et pesant de la guitare et de la basse. On notera tout de même quelques difficultés à entendre le chanteur de manière distincte, mais la musique en elle-même ne souffre d’aucun point faible.
Alkerdeel, ce n’est évidemment pas Darkened Nocturn Slaughtercult, et les belges avaient le devoir de livrer une prestation d’exception. Ils ne déçoivent pas, mènent la chose avec un grand sérieux, et s’élevent au niveau des groupes qu’ils accompagnent. Du grand art. Un groupe belge en précède un autre, avec le show imminent et très attendu de Wiegedood, comme en témoigne les nombreux tee-shirts du groupe qui fleurissent çà et là parmi les spectateurs. Fort de son excellent dernier album, le trio belge entame son concert très vite après que les balances aient été effectuées. Habituellement maudit en ce qui concerne la qualité du son, on se doit de reconnaître que les belges ont cette fois-ci droit à un son quasiment parfait.
Comme pour Alkerdeel, les chants de Levy ont du mal à se faire une place dans le marasme que représente la musique de Wiegedood, mais ce n’est pas très gênant en soi. Je suppose que je ne suis pas le seul à penser que la prestation de la formation de Gand est une véritable et extraordinaire claque, probablement l’une des plus mémorables du week-end. Tout y est, la qualité du son, le sérieux des musiciens, l’ambiance dans le public. Les deux groupes belges font honneur à leur scène nationale, fort peu estimée par rapport à sa qualité, et nous ne nous pouvons que saluer l’initiative du Throne Fest de vouloir la mettre en avant, même si un ou deux groupes belges en plus n’auraient pas fait tâche.
Nous avons par la suite beaucoup de plaisir à retrouver quatre des cinq membres de Naðra sur scène. En effet, l’avantage de faire jouer la formation islandaise, c’est celui de voir également se produire Misþyrming, dans la mesure les quatre membres de ce dernier font également partie de l’autre groupe. Vous suivez ? Quand bien même, la musique jouée par Misþyrming est différente, et il est très intéressant d’avoir le contraste sur scène d’un jour à l’autre. Comme la veille, les musiciens font preuve de beaucoup de prestance. Au chant, D.G. capte l’attention et gère le set d’une main de maître. La qualité sonore oblige toutefois le public à tendre l’oreille pour percevoir les envolées de Tómas Ísdal à la guitare. La musique se montre chaotique et puissante, et n’a aucun mal à entraîner le public dans son sillage, même si ce dernier se montre peut-être un poil moins réceptif que pour les prestations de The Committee ou de Wiegedood.
Suite à cela, ce fut au tour des polonais de Massemord d’investir le terrain de chasse, prestation que je n’ai guère suivie. Toujours est-il que la formation de Katowice nous fait alors l’honneur d’être présente pour jouer face au public un show exclusif. C’est après une prestation apparemment satisfaisante que commence à jouer le trio composé des groupes les plus attendus du jour. Et le premier d’entre eux est bien entendu Cult of Fire. La formation tchèque est sur bon nombre de lèvres depuis la veille, et sa musique cérémonielle est ainsi attendue avec une grande impatience par de nombreux spectateurs, impatients d’assister à une nouvelle messe haute en couleurs.
L’ambiance mise en place ne saurait être comparée à n’importe quel groupe ayant joué jusqu’alors, et nulle doute qu’elle restera unique, même après les prestations de Gaahls Wyrd et de Dark Funeral. L’encens couvre peu à peu l’odeur de sueur et de bière pour plonger le public et la salle dans une espèce de transe méditative tout à fait propice à la correcte appréhension de la musique du groupe. Et que dire du spectacle visuel. Vêtus de leurs habituels costumes de scène, les musiciens offrent au public un show coloré et unique en son genre. La prestation prend rapidement des airs de procession solennelle et contente grandement un public acquis à la cause des tchèques.
Il s’agit là sans contestation possible de l’une des prestations marquantes du week-end. Une seule envie nous guette, celle de rejoindre les musiciens sur scène pour s’adonner à quelque rituel occulte. Nous sortons presque sonnés de ce show exceptionnel. Fidèle à sa réputation, Cult of Fire a fait bien plus que livrer une excellente prestation, il a transporté tout son public dans des sphères inatteignables au commun des mortels. Difficile de s’en remettre. À peine remis de nos émotions, voici que la prestation de Gaahls Wyrd approche à grand pas. Le récent projet de l’artiste norvégien, que l’on ne présente évidemment plus, est auréolé d’une espèce d’aura mystique compte tenu de son statut particulier.
En effet, et la prestation en cours ne déroge pas à la règle, la formation joue sur scène des covers des anciens groupes de notre ami Gaahl. C’est ainsi que le public peut jouir de certains titres de Gorgoroth, de God Seed ou encore de Trelldom, interprétés par l’une des figures de la scène black metal norvégienne. La prestation se montre sobre, mais tout simplement efficace. Gaahl n’est pas le genre d’artiste à en faire des caisses sur scène, et cette perspective convient à merveille dans la mesure où la musique qui est jouée ne requiert pas un jeu de scène débordant d’inventivité. Le concert ne déçoit pas et fait honneur à l’un des plus grands talents de la scène black metal mondiale. Gaahls Wyrd est par la suite suivi des suédois de Dark Funeral, dont la prestation était particulièrement attendue en raison d’une setlist principalement basée sur l’album The Secrets of the Black Arts, tout premier album du groupe.
C’est ici que s’achève une excellente et très prenante édition 2017 du Throne Fest. Le festival belge a encore une fois frappé très fort grâce à des groupes incroyables et une organisation très professionnelle. Peu d’ombre vient noircir un bilan quasiment parfait. Quelques infimes failles au niveau du son, et peut-être un espace extérieur un peu petit lorsque les spectateurs s’y massaient en nombre, mais ce sont là les seuls reproches légitimes que l’on peut faire à un événement qui fut une réussite de bout en bout. Regardons à présent au loin, peut-être aurons-nous droit à une édition 2018 ?
Merci à Eternal Suffering Photographie pour la contribution apportée à l’illustration de l’article.