Entretien avec Pierrick (Phazm)

by Secluded Copyist

Dans le cadre de la troisième édition du Fall of Summer Festival, nous avons eu le plaisir et l’honneur de nous entretenir avec Pierrick, guitariste et chanteur du groupe lorrain Phazm. C’est dans la foulée d’une prestation très réussie sur la scène Sanctuary que nous l’avons rencontré dans l’espace réservé aux interviews.

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Quel effet cela vous fait-il, à toi et aux autres membres du groupe, de jouer devant le public français ? Entretenez-vous une relation particulière avec lui ?

Oui vraiment ! Depuis 2003, le public qui nous soutient le plus est le public français. De plus, étant français, ça nous tient particulièrement à cœur d’être reconnus par ce public, qui s’intéresse également beaucoup à ce qu’on fait.

Comment trouves-tu le festival et tout ce qui tourne autour de son organisation ?

C’est d’enfer, je suis mieux ici que dans n’importe quel festival de taille plus importante. Je ne veux pas médire du Hellfest, mais je ne m’y sens pas à ma place. C’est beaucoup moins intimiste, c’est la foire à la saucisse, il y en a partout. Je suppose que ça permet à d’autres festivals comme le Fall of Summer d’exister, mais moi je préfère cent fois jouer ici que dans des festivals plus gros où tu es traité comme un nom dans un catalogue. Les rapports que j’ai avec les gens qui organisent ce festival sont simples et amicaux. Au Hellfest, je ne parlais à personne en dehors des gens qui nous demandaient de sortir de la loge ou d’aller à tel endroit. Nous ne sommes pas reçus de la même façon ici, où nous sommes en famille d’une certaine manière.

Que peux-tu nous dire sur la prestation du groupe ?

Ce n’était pas évident parce qu’en ayant joué avec Massacra Tribute hier [ndlr : vendredi à 16:10], on a fait la fête dans la foulée et on s’est couché très tard. Il faisait aussi très chaud, c’est des détails de scène, mais avec les chants tu as vite la gorge sèche et tu ne penses pas forcément à boire. L’adrénaline te fait oublier tout ça, mais ton corps est quand même là pour te le rappeler donc, quand tu finis, tu es un peu sec de l’intérieur. J’aurais presque préféré jouer sous la pluie (rires).

Le dernier album de Phazm, Scornful of Icons, est sorti il y a quelques mois. Quels sont les retours que vous avez eus ?

J’ai eu peur que les gens trouvent que notre musique ait trop changé. La trame n’est plus la même, nous étions bien plus second degré avant, tout simplement parce que c’était notre manière d’aborder les choses. Mais avec les différents événements et les expériences, on a gagné en maturité, on ne joue plus notre musique pour les mêmes raisons qu’avant. Peu importe de toute manière, on joue notre musique sans se soucier du reste finalement, mais les chroniques que j’ai été amené à lire sont vraiment bonnes. Les gens ont vraiment saisi ce qu’on voulait dégager. J’ai finalement l’impression qu’on a un public assez ouvert et animé par la constante envie d’être surpris. Et ça nous convient bien, parce que je ne me forcerai jamais à faire quelque chose dans l’unique optique de plaire davantage. Si ça ne plaît pas, ça ne plaît pas, et tant pis.

On vous associe souvent l’hypothétique style de black’n roll. Qu’est-ce que tu penses de cette dénomination ?

On n’a pas ce côté froid et rigide que certains groupes de black ont naturellement, donc je suppose que cette dénomination vient de là, ce n’est pas quelque chose que j’ai personnellement voulu mettre en avant. Je fais effectivement du metal extrême avec des touches death et black, mais il ne s’agit pas d’une bannière. À partir du moment où certaines personnes décèlent certains éléments qui sortent de l’ordinaire, il y a le côté black’n roll qui arrive. Pour moi ça ne veut rien dire, il y a un tempo pour chaque style. [Nous précisons que la batterie est typique du death] Oui, ça vient également du milieu depuis lequel vient notre batteur, c’est normal qu’il ait cette patte. C’est ce maelstrom d’influences qui fait ce que Phazm est. Parfois ça m’énerve quand je lis ce genre de chose, entre Darkthrone et Immortal, le fossé est immense, mais ça ne nous empêche pas de dire qu’il s’agit de black metal. Il n’est pas nécessaire de trouver un style pour chaque groupe. En tout cas, cette histoire de black’n roll, ça me passe un peu au dessus de la tête.

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De quelle nature sont les principales influences du groupe ?

Ces influences sont multiples. On aime la musique, tout simplement. On ira pas jusqu’à mettre dans la musique de Phazm des éléments qui n’ont rien à y faire, mais on est malgré tout capables de jouer plein de choses. Ça rejoint ce que je disais à propos du maelstrom d’influences, on adore le death, on adore le black et d’autres choses tout aussi extrêmes. Je ne suis pas non plus contre les choses un peu tendancieuses, parce que musicalement il se passe quelque chose de stimulant. Ce n’est pas pour autant que je vais partager l’idéologie qui se dégage de tous les groupes que j’écoute, mais ça ne me dérange pas parce que j’estime qu’il se passe quelque chose. [Nous évoquons le NSBM] Voilà, par exemple, je n’ai rien contre ça. Je ne vais pas me mettre à brandir la bannière, mais je trouve que c’est stimulant d’un point de vue artistique. Il y a vraiment beaucoup de choses, j’adore le blues aussi par exemple, c’est peut-être paradoxal mais c’est le cas.

Était-il frustrant, d’une certaine manière, de jouer ce style de musique en pleine après-midi et par 28°C ?

C’est exactement ce que je te disais. Le jour où aura lieu un festival comme celui-là en hiver, je signe tout de suite. Nous étions au Ragnard Rock ces deux dernières années, et je me suis justement imaginé la même chose avec la neige et le froid, ce serait vraiment génial. Ça me dérangerait moins, c’est dur de jouer quand il fait chaud. Et puis quand tu as une peau de blond, tu deviens vite porcinet.

Quels sont vos projets désormais ? Travaillez-vous sur de nouvelles compositions ?

Oui, j’ai des pistes et des envies. Il y a quelque chose qui se travaille, on est encore loin d’aboutir à quelque chose de cohérent mais on est dans une bonne période donc on en profite.

Nous avons assisté, comme tous les festivaliers présents, au bel hommage rendu à Mika Bleu. A-t-il eu un impact sur l’histoire de Phazm ?

C’est un mec qui travaillait pour les groupes de Season of Mist et pour tous les groupes distribués par Season of Mist. Et quand l’équipe aime quelque chose, elle est vraiment activiste. À chaque fois que je voyais Mika, il me faisait part de son amour pour notre musique, et je sais qu’il a contribué à faire en sorte que Phazm soit placé dans les bonnes oreilles en quelque sorte. Il était aussi un compagnon de soirée fantastique. Il avait une ouverture d’esprit et une joie de vivre monstrueuse. Il était respecté, non seulement en France, mais également en Norvège et partout où il a eu l’occasion de travailler. Il en faudrait plus des mecs comme lui.

Merci beaucoup de nous avoir accordé cette interview. Aurais-tu un dernier mot pour nos lecteurs ?

Merci à ceux qui nous connaissent déjà et qui nous suivent. Et puis pour ceux qui ne nous connaissent pas et qui ont lu cette interview, prenez le temps d’aller sur YouTube ou sur Facebook et faites vous une idée de notre musique !

Merci à Hugo, qui s’est occupé de la photographie et qui a participé à cette interview.

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