- Article initialement publié sur le Repère des Reclus
- Royaume-Uni
- Dungeon Synth
- High Cathedral Records
- 2014
Ces temps-ci, les recherches d’albums de dungeon synth se montrent assez binaires. Deux possibilités, d’un côté les sorties assez exceptionnelles en termes d’ambiance et de dépaysement (Tir, Serpent’s Isle, Fogweaver), de l’autre une multitude de sorties au mieux passables, au pire carrément dispensables. Malheureusement le juste milieu est bien cantonné au rang de mythe en matière de dungeon synth, et la tendance se confirme avec la mise en ligne d’un album datant de 2014, l’excellent Power of Plants de Village of Dorlech. Première sortie du projet anglais à l’époque, l’EP est riche d’une atmosphère à la fois sincère et aboutie.
Quelle plus belle thématique que la nature ? Mais attention, on ne parle pas ici des grands espaces, des vastes forêts, des interminables fjords, des imposantes montagnes. Non, avec Village of Dorlech, on s’attache à quelque chose de bien plus petit, à savoir les plantes. Je suis curieux de savoir ce qu’il y a de plus enchanteur et innocent que ce plant-based dungeon synth, selon les dires de l’artistes, aux accents légers et ambient très marqués. Composé entièrement en analogique (gage de qualité me direz-vous), Power of Plants ressemble à l’une de ces musiques qui nous viennent en tête automatiquement lorsqu’il s’agit d’imaginer une forêt rassurante et intimiste, tapissée de lichen et de champignons en tout genre.
On verrait presque quelques gnomes détaler entre les hautes herbes pour aller se réfugier dans une vieille souche de chêne. Très simplistes sur le plan technique, les différents titres qui composent l’EP révèlent un potentiel d’évasion tout bonnement splendide. N’espérez pas trouver des mélodies sautillantes à la Fief ou des nappes de claviers impénétrables à la Erstall, Village of Dorlech officie dans un registre beaucoup plus bucolique et éthéré. L’artiste anglais sait faire les choses avec efficacité pour toucher l’auditeur sans avoir à superposer les couches d’instrumentations plus ou moins judicieuses. Il va à l’essentiel et la chose fonctionne à merveille lorsque l’on voit le résultat que fournit Power of Plants.
Deux titres se distinguent des autres, en l’occurrence “Life” pour son charme et son ambiance presque un peu naïve, et le titre éponyme pour ses mélodies un peu plus fouillées et son caractère plus lumineux que le reste de l’EP. Mais de toute manière, il est difficile de parler de certains titres sans parler des autres, tant c’est Power of Plants dans son ensemble qu’il est intéressant de passer en boucle. Cette sortie est également une preuve de plus, si toutefois on en avait besoin, que le dungeon synth n’a pas besoin de plus que quelques sonorités de clavier pour être touchant.
Sorti pour la première fois en 2014 mais remis au goût du jour il y a peu, le tout premier EP du projet anglais Village of Dorlech conviendra à tous les amoureux de dungeon synth minimalisme aux ambiances douces et aériennes, sans toutefois tomber dans le grandiloquent. Power of Plants parvient à rester intimiste et à se muer en hymne du monde végétal et forestier qui demeure à taille humaine. On a hâte de voir si Village of Dorlech compte mettre en ligne d’autres sorties dans le même style.