Black Fucking Cancer – Procreate Inverse

by Secluded Copyist

Plus ou moins actif depuis le début des années 2010, le trio américain Black Fucking Cancer a assez vite gagné en épaisseur avec les années. Dès la sortie de son premier album – Black Fucking Cancer, en 2016 –, le groupe avait pu bénéficier du soutien d’un label très important, Osmose Productions. Aux premières lueurs du printemps 2022, il revient avec une nouvelle sortie longue-durée, cette fois chez le plus confidentiel mais non moins estimable Sentient Ruin Laboratories. Sans rien perdre de ce qui a fait sa force par le passé, Black Fucking Cancer fait un retour remarqué avec Procreate Inverse. Bienvenue dans l’univers supra-énergique du groupe américain.

Généralement, lorsque l’on pose une oreille pour la première fois sur un groupe nommé Black Fucking Cancer, on s’attend à tout sauf à entendre des musiciens faisant les choses à moitié. Ce qui surprend, en revanche, dans le cas du trio originaire de San José, c’est que l’on s’attend presque à se trouver face à quelque chose d’assez peu sérieux. Entendons-nous. Si peu d’inspiration au moment de plancher sur le nom d’un projet ne présage en effet rien de bon. Et pourtant…

Dans le cas de ce Procreate Inverse – le constat peut également être fait pour le premier album –, à peine l’auditeur est mis en contact avec l’introduction de « Excursus » que les riffs viennent assommer de belle façon la pointe de scepticisme dont on pouvait déplorer la ténacité. De partout, Black Fucking Cancer fait pleuvoir les coups. Les riffs prennent une place monstre et permettent d’installer une espèce de climat impétueux très réussi, bien aidé il faut le dire par les chants d’outre-tombe de Thrull et par le jeu de batterie très énergique d’un certain J – les deux artistes ont travaillé ensemble par le passé au sein du groupe Circle of Eyes, dans un registre toutefois différent.

On retiendra de ce nouvel album un contenu autrement plus consistant que ce dont le groupe a pu se targuer par le passé. Si le travail effectué sur l’album éponyme était parfaitement sérieux et prometteur, on passe à la vitesse supérieure de manière assez nette sur ce dernier méfait. Le son de guitare est bien plus lourd et enveloppant, et l’on se sait autrement plus menacé et secoué que jusqu’alors. Non sans rappeler quelques grands noms du genre – Marduk n’est jamais très loin sur « Obscene Lusting Dagger » –, Black Fucking Cancer semble piocher un peu partout pour servir sa quête infamante. On notera par ailleurs la bonne surprise de l’album, à savoir une reprise de l’excellent titre « Kross Fyre » des Allemands de Katharsis, même si la reprise date vraisemblablement de 2019. Si l’on apprécie le clin d’œil, l’ambiance suintante de haine du titre original peine à être retranscrite.

Pour ce qui est du reste, le trio américain offre tout de même un second album on ne peut plus équilibré. Quant à la longueur de ce Procreate Inverse, elle approche tout de même l’heure d’assez près. Ensemble solide et concret ? Format qui finit par lasser ? C’est selon. Je prends personnellement le parti de saluer la densité que le groupe parvient à donner à sa musique, sans que l’on ait ne serait-ce qu’un instant l’impression d’une baisse de régime. Peut-être peut-on simplement souligner les longueurs et les riffs moins poignants du titre éponyme. Du début à la fin, les guitares et la batterie rugissent une cruauté de très bon aloi, qui plaira sans nul doute à nombre d’adeptes des velléités les plus agressives que le black metal sait produire. C’est féroce, on aime beaucoup.

C’est un deuxième album très réussi pour le groupe américain. Malgré son nom embarrassant – navré mais je ne m’y habitue pas –, Black Fucking Cancer met tout le monde d’accord avec son black metal qui transpire la rancœur et la sauvagerie. Quelque part, la sortie de Procreate Inverse sous la bannière de Sentient Ruin donne encore plus de crédit au disque, lorsque l’on sait la qualité et l’aura d’un tel label. Vous ne vous tromperez pas en vous jetant sur le dernier né des Américains.

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