Flamberge – The Medieval North Winds

by Secluded Copyist

Riche d’une admirable effervescence depuis quelques mois, la scène dungeon synth française a accouché en février dernier d’un nouveau projet dont le talent est à surveiller de près. Et pour cause. Ixième projet de l’artiste John Lordswood, Flamberge sert à ses ouailles un dungeon synth orchestral, épique et fidèle à ce qui fut la fierté de la scène française il fut un temps. Si le nom de l’artiste vous est familier – ce devrait être le cas –, cela est sûrement dû à la pléthore de projets qui donnent corps à son contingent, qui compte dans ses rangs des projets de grande qualité. Dans le dungeon synth (Weress, Skhemty) et ailleurs (Draconis Star). Sans plus tarder, plongeons dans The Medieval North Winds.

L’auditeur curieux est accueilli par la très belle pochette dessinée par les soins de l’artiste basque Igor Mugerza. Son trait léché, rond et délicieusement atypique a déjà orné les pochettes de projets et groupes plus ou moins proches de la scène dungeon synth, parmi lesquels Elffor, Murgrind ou encore Warmoon Lord. Les tons froids de l’artwork introduisent parfaitement les quatre titres de durée variable destinées à illustrer ces vents du nord visiblement chers à Flamberge. Sans que l’on sache réellement contextualiser l’ensemble sur le plan thématique, on se laisse facilement porter une musique étonnamment douce et rêveuse. Et c’est tout un paysage, à la fois graphique et musical, qui se dresse sur la route de cet auditeur curieux qui sommeille en chacun.

The Medieval North Winds est riche de deux composantes dont je ne raffole pas dès qu’il s’agit de dungeon synth : l’orchestral et l’épique. Je serais de mauvaise foi si j’affirmais que ces deux aspects sont totalement étrangers au genre musical. Néanmoins, je me vois forcé d’admettre que le dénuement que j’estime inhérent dungeon synth doit faire preuve preuve d’un peu de retenue, plutôt que de se répandre en mélodies théâtrales et ronflantes. Chacun son truc, et il s’agissait là de la raison pour laquelle j’étais assez peu enthousiasmé à l’idée de faire connaissance avec Flamberge. Comme souvent en pareil cas – il faut toujours goûter –, mes doutes étaient bien vite dissipés.

Pour faire simple, la musique de Flamberge est d’une justesse absolue. Oui, l’ensemble est orchestral. Oui, l’atmosphère est épique. Mais jamais – c’est suffisamment rare pour le souligner –, on n’a l’impression de se trouver face à ne serait-ce qu’une mélodie hors de propos. Le titre introductif, qui installe le décor avec brio, est composé d’une mélodie principale déclinée à la perfection pour annoncer la teneur de ce qui va suivre : un petit album de dungeon synth parfaitement ficelé qui sait conter son récit à la perfection. Malgré la richesse des sonorités, l’ensemble fait preuve d’une mesure parfaitement dimensionnée. Le tempo est lent, laissant le temps à des mélodies contemplatives – mais non moins accrocheuses – de se développer et de donner corps à une fable que l’on imagine parfaitement représentative de ce que la medieval fantasy a de mieux à offrir.

Il est presque dommage de n’avoir droit qu’à un petit paragraphe de texte pour expliquer la genèse de The Medieval North Winds, tant ses titres font naître l’envie de s’abreuver de lecture, pour leur donner encore plus de quoi s’exprimer. On notera un usage des percussions exemplaires, ce qui n’a rien de surprenant lorsque l’on sait avec quelle aisance l’artiste les manie. Si le cœur de l’album, composé des deux titres les plus longs, est évidemment sa partie la plus charnue, « The Tremors of War Drums Through the Mountains » et « In Front of the Big Harrow of the Old Realm » jouent un rôle prépondérant pour introduire puis mettre en sommeil cet objet musical de grande qualité.

De façon assez évidente (encore que), c’est « Bring me the Mist and the Drizzle from the Cold Woods » et ses onze minutes sur la balance qui offrent la partie la plus riche du voyage. Les sonorités et les ambiances se succèdent pour offrir un moment de dungeon synth très touchant. Par moments, les claviers atteignent même une dimension céleste que l’on lie volontiers à la fascination qu’éprouve l’artiste pour l’espace. Flamberge sait s’y prendre pour transporter son auditoire.

Au moment où j’écris ces lignes, The Medieval North Winds est en passe de prendre forme à l’initiative du très estimable label Ancient King Records. Des éditions cassettes de grande qualité permettront à chacun de se procurer un album très réussi et de voir le dungeon synth orchestral sous un autre jour qu’à l’accoutumée. Déjà très généreux en matière de musique, John Lordswood a donc ajouté un nouveau projet à son vaste catalogue, et celui-là n’est clairement pas le plus mauvais. Reste à savoir si Flamberge permettra à son monde de découvrir un peu plus de son univers. On signe des deux mains.

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