ElixiR – Queen of the Silver Stone

by Secluded Copyist

Annoncé quelques jours avant sa sortie par l’un des membres d’ElixiR, l’album Queen Of The Silver Stone est désormais disponible sur la plateforme BandCamp. Après deux sorties de taille mineure, le duo périgourdin revient sur le devant de la scène avec un album très conséquent, de quoi satisfaire les adeptes de dungeon synth français qui suivent le projet depuis ses débuts, en 2015. Dans un registre bien plus poétique et spirituel que la plupart des projets qui composent la scène dungeon synth européenne, ElixiR se donne les moyens d’exister, et bien plus encore.

ElixiR a toujours été à part, comme en témoigne le côté profond et sombre de la musique présente sur la dernière sortie du duo, The Mage Of Bright Forest. Alors que le dungeon synth est un genre généralement minimaliste, même si tout le monde s’accorde à dire qu’il fait beaucoup voyager, ElixiR parvient à lui donner une dimension plus pénétrante qui ne se trouve pas chez tous les artistes, loin de là. Et la tendance se confirme avec Queen Of The Silver Stone, d’autant que nous avons cette fois droit à une heure de réjouissance fantastique. Au premier abord, il semble que le côté noir de The Mage Of Bright Forest a laissé place à une espèce d’envoûtement d’une douceur extrême.

Normal, me direz-vous. Il est vrai que lorsque l’on se penche avec plus de précision sur la genèse et les évocations de chacune de ces deux sorties, ce contraste n’est pas surprenant. Là où The Mage Of Bright Forest était obscur et incertain, Queen Of The Silver Stone se montre enchanteur et diffuse la lumière plutôt qu’il ne la cache. L’artwork est d’ailleurs là pour nous le rappeler, l’opposition est aussi visible concernant le travail graphique. La pochette du premier nommé montre une forêt où l’obscurité règne alors que cette de la dernière sortie dévoile une demoiselle de dos, sans doute la reine dont il est question, face à un paysage aussi lumineux que possible. Mais l’heure n’est de toute manière pas à la comparaison, il s’agissait davantage de placer l’album dans le contexte du duo ElixiR.

Comme c’est le cas sur cette nouvelle sortie, le logo du duo change quelque peu. Il montre cette fois-ci un château sur un bateau qui ressemble étrangement aux éléments composant le blason de la commune de Saint Dizier. Cette dernière se situant en Seine-et-Marne, difficile d’établir un lien avec la musique d’ElixiR. Vous pourrez au moins vous targuer d’en savoir un peu plus en héraldique à l’issue de la lecture de cette chronique. Nous avons donc droit à un album de quatorze pistes, parfait pour s’abandonner à corps perdu dans un univers tel que celui-ci. Vous remarquerez que vous n’entrerez pleinement dans cet album que lors de l’écoute de la troisième piste, « Sacred Stone Sanctuary’s ».

Par la suite, la progression se fait sans accroche et avec une fluidité sans pareil, même si les titres peuvent se montrer différents les uns des autres. Le point culminant de cet album est sans doute le duo de pistes que composent « Royal Ceremony » et le titre éponyme. Ce sont là les deux titres les plus réussis de cet album, et ils ont de fortes chances de devenir vos favoris. Les connaisseurs de Burzum auront également l’impression d’écouter « Die Liebe Nerpus » dès l’introduction de « Queen Of The Silver Stone ». Aucune accusation de plagiat ici, simplement une ressemblance qui vaut le détour au commencement de l’un des titres incontournables de l’album. Les influences vis à vis du projet norvégien ne s’arrêteront pas là. En effet, l’introduction de « Le Temps Sylvestre » nous rappelle beaucoup celle de « Hermoðr Á Helferð », de l’album Dauði Baldrs. Toutefois, le titre de ElixiR ne renvoie pas les images si mélancoliques de celui de Burzum. Il est logique que l’un des pères du dungeon synth actuel inspire tant ses élèves.

L’ambiance change du tout au tout lorsque l’on aborde le thème du grand méchant de l’univers de ElixiR sur la piste « Somdraken, Le Malveillant ». Sans être foncièrement noir, ce titre vous rappelle que l’endroit au coeur duquel vous vous promener n’est finalement pas aussi paisible qu’il n’en a l’air. Un peu de piment ne fait de mal à personne. Le côté féerique de Queen Of The Silver Stone fera naître en vous une certaine sensibilité qu’il est impossible de ressentir à l’écoute d’autres projets de dungeon synth. La suite de l’album se poursuit avec une abondance d’émotion qu’il est difficile de contenir. Chaque titre a sa personnalité, mais pour autant, leur association semble naturelle au possible. Chacun s’imbrique à merveille dans ce vaste conte féerique qu’est Queen Of The Silver Stone.

Il serait fort indigeste pour vous que je me mette à analyser chacune des pistes qui compose la dernière sortie de ElixiR. Cette dernière ferait presque passer The Mage Of Bright Forestpour une fade histoire de magicien. N’ayons pas peur de dire que le duo périgourdin a donné un énorme coup de pied dans la fourmilière en signant ce chef d’oeuvre nommé Queen Of The Silver Stone. La sortie dungeon synth de l’année, du moins à l’échelle de la France, vous fera voyager et bien plus encore, elle est un conte aussi merveilleux que fascinant. Soyez certains d’avoir besoin de plus d’une écoute pour explorer l’album dans ses moindres recoins.

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