PROCOPIUS
J’ai perdu la foi. Elle s’est évaporée, telle une brume au matin, sans un mot, sans un avertissement. Comment poursuivre sans cet ancrage qui me guidait ?
VIRESCUS
La brume se dissipe et, dans son sillage, l’aube se révèle. La foi que tu crois avoir perdue n’a pas disparu, elle a simplement pris une autre forme. Elle attend, silencieuse et patiente, d’être retrouvée, métamorphosée, dans l’ombre d’un nouveau jour.
PROCOPIUS
Mais je ne la reconnais plus. Elle était ferme, inébranlable comme la roche. Aujourd’hui, tout est flou, insaisissable. Est-ce encore la foi ?
VIRESCUS
La foi véritable n’est pas celle qui s’impose avec rigidité, mais celle qui se laisse sonder, qui se laisse transformer. La foi que tu crois avoir perdue n’était peut-être qu’un masque, un voile trompeur. La véritable foi, elle, demeure insaisissable et mouvante. Elle est vivante, en perpétuel devenir.
PROCOPIUS
J’ai perdu mes illusions, plus rien n’est stable, la lumière m’échappe. Comment savoir si je suis toujours sur la bonne voie ?
VIRESCUS
Tu évoques la lumière comme si elle était une entité donnée, un phare immobile éclairant le sentier. Mais la lumière n’est pas un bien extérieur, elle jaillit des ténèbres elles-mêmes. C’est dans cette obscurité première que commence la véritable voie. L’ombre est ta compagne, et c’est en sa présence qu’elle révèle la clarté cachée. Ne t’en afflige pas.
PROCOPIUS
L’ombre, c’est la confusion, c’est l’inconnu. Comment avancer dans une telle obscurité ?
VIRESCUS
Avancer dans l’ombre, c’est accepter l’incertitude. Ce n’est pas dans la clarté que l’âme grandit, mais dans la profondeur de l’invisible. La confusion n’est qu’un masque posé sur ce qui est encore caché. Lorsque tu t’immerges dans l’inconnu, tu ne fais que toucher l’infini.
PROCOPIUS
Je cherche une vérité qui me dépasse, mais cette vérité reste insaisissable. Comment la trouver dans ce flou ?
VIRESCUS
La vérité n’est pas un objet que l’on possède. Elle est une présence qui se révèle au fil du temps. Chaque question que tu poses, chaque pas que tu fais vers l’inconnu, est une lumière qui éclaire peu à peu ce que tu cherches.
PROCOPIUS
Et si cette lumière ne vient jamais ?
VIRESCUS
La lumière ne vient pas en fonction de tes attentes. Elle surgit quand tu abandonnes la quête du contrôle. Elle s’infiltre là où tu ne l’attends pas, au détour d’une pensée, dans un souffle. La vérité ne se découvre pas, elle s’accepte.
PROCOPIUS
Je perçois tout autour de moi, mais aucun écho ne répond. La foi que je poursuivais n’était-elle qu’un mirage ?
VIRESCUS
Non, la foi n’est jamais un mirage. Ce qui peut l’être, c’est la manière dont tu l’appréhendes. La foi n’est rien d’autre que le lien qui t’unit au divin, à l’âme du monde. Si tu ne la perçois pas, c’est que tu cherches encore à travers des yeux obscurcis par tes propres attentes. Abandonne tes préjugés, détache-toi des filtres de l’illusion, et tu découvriras ce qui se déploie devant toi.
PROCOPIUS
Comment regarder sans attentes ? Comment abandonner ce que j’ai toujours cru savoir ?
VIRESCUS
En laissant tomber le fardeau du savoir absolu. Il n’est de vérité qu’en silence, en renonçant à cette soif insatiable de certitudes. Ce que tu cherches n’est pas dans une réponse, mais dans l’ouverture. Chaque doute, chaque question que tu poses est un pas vers cette ouverture.
PROCOPIUS
Cela semble si incertain. Et pourtant, une part de moi, profondément enfouie, cherche une réponse, un chemin. Est-ce là l’essence même de ce que l’on poursuit, sans vraiment savoir le nommer ? Ou bien suis-je simplement attiré par une forme de savoir oublié, prêt à ressurgir au moment propice ?
VIRESCUS
Ce que tu cherches n’est pas un guide, mais une direction, une forme de clarté. Il existe des pistes, des signes, des murmures de vérité, mais c’est à toi de les entendre. Ce n’est pas le monde qui doit se dévoiler devant toi, c’est toi qui dois te révéler à toi-même. Le chemin n’est pas tracé ailleurs, il réside en toi. La lumière que tu cherches ne demande qu’à se manifester, mais c’est toi qui dois permettre à sa flamme de s’épanouir.
PROCOPIUS
Comment distinguer cette lumière d’une simple illusion ?
VIRESCUS
L’illusion réside dans l’orgueil de la pensée qui croit pouvoir saisir l’invisible. La lumière véritable n’est ni pensée ni prise, elle est ressentie. Elle est la paix qui s’installe en toi lorsque tu cesses de chercher à tout prix. Elle est cette douce certitude intérieure qui ne se déclare pas bruyamment, mais se fait entendre dans le silence du cœur.
PROCOPIUS
Il me semble que tout cela est une voie sans fin.
VIRESCUS
Le chemin n’est pas sans fin, mais sans terme. Cette voie ne mène pas à une fin matérielle, mais à une révélation permanente, continue. Elle est la voie de l’éveil, de l’ouverture à ce qui est à chaque instant, au-delà des mots, au-delà du visible. Tu n’es pas perdu, tu es en train de devenir. Ce n’est pas un savoir, mais une quête.
PROCOPIUS
Et cette voie, comment la suivre, si ce n’est dans l’ombre ?
VIRESCUS
L’ombre n’est pas un obstacle, mais un complice. Elle est là pour t’enseigner que la lumière est plus belle lorsqu’on l’a cherchée dans les ténèbres. Chercher la lumière dans l’ombre, c’est apprendre à voir au-delà de l’évidence. Tu ne trouveras pas la vérité dans ce que tu crois déjà savoir. Tu la trouveras dans ce que tu oses ne pas comprendre.
PROCOPIUS
Ainsi, chaque pas est une illumination en soi ?
VIRESCUS
Chaque pas est une illumination potentielle, mais c’est à toi de l’accueillir. Il n’y a pas de réponse unique. Il y a des fragments de vérité à chaque détour, chaque question. Le voyage est sans fin, et c’est dans cette marche constante que réside la sagesse.
