- Article initialement publié sur Heiðnir Webzine
- Hongrie
- Metal d'avant-garde
- Season of Mist
- 16 septembre 2016
Un an après un Sgúrr aussi plat que mal produit, le projet solo Thy Catafalque revient déjà avec Meta, un album qui aura la lourde tâche de faire oublier les erreurs commises lors des précédentes productions. Le projet solo du talentueux musicien hongrois Tamás Kátai ratisse toujours aussi large au sein de la formidable mine d’or musical que représente le metal d’avant-garde, et cela n’est pas fait pour nous déplaire. Espérons simplement, cette fois, que le rendu final de Meta est à la mesure des capacités manifestes de l’artiste originaire de Makó.
Nous pouvons dire ou penser beaucoup de choses à propos de l’impressionnante discographie de Thy Catafalque, le fait est que les mots nous manquent souvent au moment de qualifier sa musique avec rectitude. Entre éclectisme et syncrétisme musical, chaque album de Thy Catafalque est une véritable ode au voyage et aux pensées nouvelles. Les influences toujours multiples et le mélange des registres offre toujours beaucoup de couleur et d’allure à la musique produite par Tamás Kátai. Ce dernier a donc remis le couvert pour nous proposer Meta au cours du mois de septembre, un album plutôt intrigant sorti via le label Season of Mist.
Comme précisé plus haut, il est relativement difficile de qualifier précisément la musique de Thy Catafalque. Les seules choses claires et établies sont finalement son appartenance au registre avant-gardiste et son emprunt évident à de nombreux styles de metal et de musique en général. C’est ainsi que, durant l’écoute de Meta, vous aurez la chance d’être confrontés à des influences résolument black, heavy, ambient, et même provenant des univers pop ou de la musique électronique. Miraculeusement, même en sachant ce que Tamás Kátai est capable de faire, l’ensemble fait preuve d’une cohérence tout à fait inimaginable. Les titres s’enchaînent avec une fluidité sans pareil, le calme succède à la tempête dans une parfaite harmonie, et notre oreille se laisse divinement guider par les douces et originales sonorités produites par l’artiste hongrois.
Au fur et à mesure de votre progression au sein du curieux voyage musical qu’est Meta, vous serez surpris par la sirupeuse et suave intensité dont la musique est riche. Sans se montrer trop percutant ou, au contraire, trop tamisé, l’album trouve le juste milieu parfait pour offrir à son auditeur quelque chose d’inoubliable. Le premier contact avec Meta se révèle ainsi être riche en émotions et ne vous laissera pas indifférent. Peu importe que le metal avant-gardiste ne soit pas votre tasse de thé, il est purement et proprement impossible de ne pas se laisser porter par la musique de cet album, tout comme il est sans doute inconcevable de ne pas trouver chaussure à son pied au sein de la liste des titres. Entre un « Malmok Járnak » des plus évocateurs et un « Sirály » qui fait état de toute la poésie dont Meta est riche, vous saurez sans nul doute trouver votre bonheur au sein des neuf pistes proposées.
Mais, bien évidemment, c’est dans son ensemble que l’écoute de Meta prend tout son sens. Il s’agit là d’une fastueuse pièce de théâtre dont chaque titre fait office d’acte, et son écoute complète révèle de nombreuses subtilités et références imperceptibles lors d’une écoute partielle ou inattentive. Techniquement, le mélange des genres peut effectivement se montrer déroutant, mais le talent de Tamás Kátai fait de cette alchimie quelque chose d’intéressant sur le plan musical. Il serait complexe et pédant de vouloir traiter des spécificités techniques de l’album, car chaque titre peut se montrer très différent du précédent. C’est parfois même au sein d’un même titre que les changements sont les plus déconcertants, comme sur le surprenant mais délectable « Malmok Járnak ». Les chœurs féminins, présents sur quelques titres, apportent une certaine beauté à l’ensemble et font une nouvelle fois étalage, si toutefois cela était nécessaire, de toute la créativité qui pullule dans l’esprit de notre artiste hongrois favori.
Cette chronique deviendrait indigeste si je me devais d’écrire tout ce que je pense de Meta. Gardez simplement en tête que l’échec nommé Sgúrr est bel et bien enterré et oublié, remplacé par le nouveau chef d’oeuvre proposé par Thy Catafalque. Au programme, un peu plus d’une heure de réjouissances musicales, en passant par des registres toujours aussi variés, mais qui se marient toujours à la perfection sous la plume de Tamás Kátai. Procurez-vous Meta les yeux fermés et soyez certains de vous offrir ainsi un voyage musical inoubliable au delà des limites conventionnelles de la musique. Ayons enfin un mot pour l’univers graphique développé autour de l’album, qui se montre excellent et traité avec charme et délicatesse. Non, vous ne trouverez décidément pas la moindre fausse note concernant Meta.